Simon ne s’appelle pas Simon (non!)



J’ai reparlé à Karine l’autre jour. Bonne nouvelle, elle a trouvé le nom de son groupe, et évidemment le nom du chanteur. (Ça m’attendrit toujours de voir à quel point les gens sont gentils pour rien quand même. Merci Karine. T’es super. Tu seras demoiselle d’honneur à notre mariage si tu veux.) Pour vous, je vais quand même continuer de l’appeler Simon. Sophie et Simon. Ça sonne bien, vous trouvez pas?

Elle m’annonce, toute piteuse, qu’ils ont décidé de prendre un break de show pour deux mois. Ce qui n’est pas tant que ça une mauvaise nouvelle parce que j’aurais quoi à gagner, vraiment, à me pointer à tous ses spectacles et me garocher dessus comme une pauvre groupie à la fin en espérant qu’il me remarque un jour?

Ça m’arrive d’avoir du guts, mais aborder quelqu’un que je ne connais pas, sur qui je suis déjà pâmée, dans son territoire, c’est excellent pour certaines et tant mieux pour elles, mais ça ne marche pas pour moi. (J’ai déjà tenté la chose ici, et mes copines m’en parlent encore – en se foutant de ma gueule.)

Mais je ne perds pas espoir (on peut vivre d’eau et d’espoir qu’ils disent) parce que oh, grande nouvelle, souvent il se retrouve dans les mêmes partys que le frère de Karine. Je lui ai fait jurer qu’elle m’appellerait dès que c’était pour arriver. Et ce qui est certain, c’est qu’un jour, ça va arriver.

Je suis pas pressée anyway.

Marc m’a rappelée l’autre jour. Oui, point positif de cette soirée de merde, on s’est échangé nos numéros de téléphone. En fait il m’a textée. Parce que les gars, en 2011, ça n’appelle pas.

Marc



Alors j’ai répondu à Marc et j’ai dit oui certain, ça serait cool aller prendre une bière. Il a dit jeudi, ça te va? J’ai dit oui, on va où? Au Dieu du Ciel? Parfait on se voit là-bas à 20h.

C’était dangereusement trop simple tout ça.

Je suis du genre en retard mais pour une fois, je m’étais forcée. 20h10, j’étais là. Pas de place, évidemment. Il n’est pas là. Pas grave je vais l’attendre dehors.

20h15 il est toujours pas là. Je me dis que j’aurais pu lui demander son numéro de cell quand même. Il est probablement arrivé un petit quelque chose. Il sera là bientôt.

20h20 ouais ça commence à être long. Il y a peut-être un autre Dieu du Ciel?

20h25 ah ben tabarnak belle conne que je fais. Il viendra juste pas. J’ai l’air de quoi moi à attendre toute seule devant le Dieu du Ciel un gars qui ne viendra probablement pas? Quand est-ce qu’on prend la décision que c’est assez le niaisage et qu’on se pousse? C’est lui qui voulait me voir. Ostie d’affaire de marde. J’attends jusqu’à 20h30 et je m’en vais.

20h28 il arrive en courant et en s’excusant. Je suis déjà tellement pompée, t’es mieux d’avoir une bonne raison parce que je la trouve pas vraiment drôle. Évidemment je suis trop bien élevée pour lui dire ça. Alors je dis ben non c’est pas grave. Il dit que oui, c’est grave, qu’il avait pas de moyen de me rejoindre et que son ex était débarquée en furie à son appart pour reprendre sa part de meubles : donc la moitié de l’appartement. Et qu’il avait abandonné son appart en champ de bataille dès qu’elle était partie, pour venir me rejoindre.

J’étais comme ouais, je pense que dans cette situation précise, la vérité n’était pas ton meilleur call pour partir une soirée du bon pied.

En tout cas. On a pris une bière, mais mettons que pour différentes raisons, on n’avait pas trop la tête à être là.

On s’est pas frenchés. On n’est même pas passés proche de se frencher.

À la fin de la soirée il m’a dit tu sais, j’aimerais quand même ça te revoir. Au moins juste pour me reprendre et pour pas que tu penses qu’il m’arrive toujours plein de mardes comme ça. Je me suis dit qu’au moins, il avait pas de blonde et que c’était un bon point pour lui. En même temps, qui s’excite d’être le potentiel fucking rebound de quelqu’un?

J’ai un mauvais karma.

Simon? Ah on en parlera une autre fois. Pas le goût ce soir.

Facebook



Ok je dois vous dire. La semaine passée, j’avais commencé à demander un peu autour de moi pour savoir si quelqu’un connaissait le nom du band qui jouait ce soir-là. Je vous le dirai pas à vous, quel était l’autre band, même si vous pourriez peut-être m’aider, parce qu’il y a quand même des limites à ce que je suis prête à dire au world wide web sur internet. Je vais me garder quelque chose comme un minimum de vie privée.

Tout ça pour dire que j’ai eu des retours cette semaine. Les copines qui étaient là avec moi ont évidemment bien ri de ma gueule. « Ah ouais comme ça tu penses encore à lui? », « Comment va le grand amour? », « Tu pensais le présenter à ta mère avant ou après lui avoir demandé son nom? », mais elles ne savaient pas le nom du band. Puis j’ai pensé que j’avais croisé Karine, Marc et P-A à ce show. C’est des ami d’amis. Des connaissances, mettons.

Alors déjà c’était plutôt weird les facebooker pour leur demander le nom du band qui faisait la première partie de, le soir où on s’est vus par hasard.

Mais ce qui m’a vraiment flabbergastée, c’est leurs réponses.

Karine m’a dit qu’elle aussi elle avait bien aimé et qu’elle pensait que c’était □□□□, mais qu’elle n’était pas certaine et qu’elle allait vérifier avec son frère la prochaine fois qu’elle le verrait parce qu’elle pensait qu’il les connaissait, en tout cas, il en avait déjà parlé et peut-être qu’un de ses amis jouait dans le band ou connaissait quelqu’un qui jouait dans le band. Rendu là, ça commençait à être pas mal flou. Mais c’était un début de lien entre moi et Simon. Yeeees! (À Karine je lui avait un peu dit pourquoi je voulais savoir le nom du band.)

Mais l’autre réponse, c’était de Marc. Il m’a dit qu’il était content que je le contacte, qu’il avait aucune idée du nom du groupe, mais que ça serait cool aller prendre une bière… Marc est vraiment cute. Marc est une vraie personne. Ça fait un bout de temps que je me dit que oui peut-être que. (À Marc, je n’avais pas raconté le pourquoi je cherchais le nom de ce band.)

À suivre...

Les fantômes qu’on croise des fois



J’ai croisé Barcelone hier dans la rue, en sortant d’un party. Barcelone c’est pas vraiment son nom, on s’entend. C’est juste un trou de cul qui mérite même pas un vrai nom que j’ai fréquenté quoi, quelques semaines, il y a tellement longtemps que je me rappelle plus c’était quand. (Phil et moi on avait pris une pause de quelques mois, à moment donné.)

Enfin, cette histoire n’a aucune importance c’est juste que Barcelone fait partie de ces gars que je préférerais ne jamais revoir et malheureusement, paraît que moi et Barcelone on sort aux mêmes places.

C’est-tu mal fait des fois la vie rien qu’un peu?

Les amoureux



Aujourd’hui j’ai vu un gars dans l’autobus. Il avait l’air vraiment heureux, ça m’a marquée. Il rayonnait, genre. En plus, il avait un beau style. C’est sûr que j’allais le regarder. En tout cas, ce gars, il est débarqué pas loin de Parc et il est allé retrouver une fille, une très belle fille, qui l’attendait sur le coin de la rue. Ils se sont embrassés comme si le reste du monde n’existait plus et ils sont sûrement partis faire plein d’enfants et vivre heureux jusqu’à la fin des temps.

J’emmerde le monde.
Surtout ceux qui sont trop heureux et qui s’en vont repeupler la terre. 

Ma vie c’est de la marde



Des jours je me dis que j’ai dû sauter une étape dans mon développement émotionnel. Les autres ont l’air de bien s’en tirer et moi je me ramasse toujours toujours à cumuler des mardes. Des maudites histoires de marde.

J’arrête pas de penser à Simon. Je le sais que c’est pathétique crisse. En fait Simon, l’autre soir, il faisait juste la première partie du show. Le genre de première partie que le nom du groupe est pas sur le flyer et qu’évidemment, personne l’a retenu quand ils ont marmoné entre deux tounes « merci d’être là on est ??? et on est super contents de vous introduire le band que vous êtes venus voir ». J’avais pas encore réalisé que c’était lui. De toute façon, j’ai une mauvaise mémoire pour ces trucs-là.

Je pourrais probablement trouver le nom de son band. Trouver leur My Space, trouver le vrai nom de Simon, trouver les dates de leurs prochains shows, trouver sa photo, trouver le nom du chien de sa tante, trouver le blogue d’une autre fille folle qui trippe sur lui, me faire imprimer un t-shirt avec sa photo dessus et me promener dans la ville jusqu’à ce je tombe sur lui. Je pourrais. Mais je me sentirais tellement groupie et conne de faire tout ça pour un gars à qui j’ai jamais parlé et qui est peut-être même pas intéressant, au fond. (Remarque, j’écris un blogue sur lui, je sais pas ce qui est considéré comme plus psychologiquement instable. Je me dis que si mes histoires peuvent faire rire quelqu’un, tant mieux.)

En tout cas je pensais à tout ça hier soir et j’ai décidé de sortir boire de la bière – encore une fois – pour oublier.

Au bar, j’ai recroisé Yan par hasard. Une vieille histoire pas de suite pas de fin qu’on continue quand même un peu des fois de temps en temps. Évidemment, Yan dort dans mon lit ce matin. Je l’aime pas. Il m’aime pas. Il est là. C’est mieux que rien. C’est ça le pire. C’est que sinon il y a rien, alors je prends ce qui passe. Je pense que je lui ai parlé de Simon. Je suis tellement conne. Il doit la rire encore.

Faut que j’arrête de voir Yan.

La suite de la deuxième fois



On est encore dans le même show, le soir où je l’ai revu. J’avais pas fini de l’écrire la dernière fois parce que je savais plus trop comment continuer. J’ai peur que vous me trouviez un peu mongole. Alors j’ai dû y penser un petit temps. Ils disent que les écrits restent. J’essaye de pas dire trop de niaiseries (quoique). D’un coup qu’il lirait ça un jour. Et puis je vais essayer de conter mon histoire sans faire trop de détours. Pour pas vous perdre, si quelqu’un me lit.

Alors elles étaient là, mes amies, à me dire d’aller lui parler. Mais lui il était toujours sur le stage. Beaucoup trop de bières plus tard il a fini par arriver, par descendre dans la salle.

Je devais être vraiment saoule, et il y avait tout le monde en plus qui me poussait à faire quelque chose. Alors j’ai fait quelque chose. J’ai marché jusqu’à lui. Avec toutes mes amies qui me regardaient comme si c’était ma première journée à la maternelle. Je voulais mourir. Mais je me suis rendue jusque-là. Je me suis fait un chemin d’une main presque désinvolte dans le tas de gens qui l’entouraient. Mettons que mon guts avait atteint sa limite. Une fois rendue face à lui, j’ai même pas voulu regarder s’il y avait une fille plus après que les autres. Peut-être qu’il y avait même pas de filles et pas grand monde autour de lui en fait. Je sais pas. J’étais complètement paniquée. Avoir voulu être moins sexy, je crois que j’aurais pas réussi. Je l’ai touché un peu sur l’épaule, il s’est retourné et j’ai dit : c’était bon ton show. Il a dit merci.

Merci. Juste ça. J’ai espéré jusqu’en bas des escaliers qu’il me suive et qu’il dise quelque chose. Qu’il me coure après. N’importe quoi ça aurait fait ma soirée. Il aurait pu me ramener mon foulard, ostie, j’aurais été contente.

Alors c’est ça. Je l’ai revu, mais je suis fuck-all pas plus avancée qu’avant.

Sauf que j’ai un blogue, maintenant.

La deuxième fois



Alors s’il y a un blogue c’est parce que je l’ai recroisé. J’avais déjà vendu le punch. Ça a pris quelques mois, mais je l’ai revu.

Je l’ai revu, c’est vrai. Mais sur une scène. Dans un show. Oh fuck! C’est toi. Les filles c’est lui. C’est le Simon-pas-Simon du Quai des Brumes. Oui le chanteur. Et merde, ça complique les choses. En plus de devoir me battre avec mes mots qui s’accrochent toujours partout avant de sortir, je vais devoir me battre avec ton ego de rock star et toutes tes groupies. Ça aurait pas pu être juste un peu simple?

Moi en bas et toi en haut. Pas très loin en haut je sais, c’est pas si grand la Sala Rossa et j’aurais pu attendre que tu descendes et me faire un chemin entre tous tes amis et te dire quelque chose comme « salut te rappelles-tu de moi on s’était presque vus au Quai des Brumes il y a six mois mais on s’était pas parlés parce que quand il y a trop à dire je sais jamais par quel bout commencer. Veux-tu une bière? ».

Ça aurait pu marcher. C’est le genre d’affaire qui marche des fois dans les films. Je sais pas qui écrit ces films-là mais ostie que c’est pas mon casting. J’étais tellement sous le choc de hen c’est lui? Attends, le gars de l’autre fois? Il chante? Est-ce que c’est vraiment lui? Est-ce que je suis pas encore en train de me conter des histoires? Je savais qu’on allait se revoir. Mais quand même, ça m’a surpris mettons. Et puis, c’est pas comme si je pensais à ça tout le temps. J’ai une vie, des fois.

Aller te parler. Là? C’est le moment où toutes tes amies ont une crisse de réponse toute faite à te sortir. « Ben là vas-y! Lève-toi et vas lui dire n’importe quoi. » « Tu dois ben avoir quelque chose à lui dire ça fait tellement de fois que tu nous contes cette histoire pas rapport de je suis sûre qu’il m’avait remarqué et que je suis passée à côté de l’amour de ma vie juste parce que Phil était là. » « La prochaine fois, ça y est. Je sais, je vous en parle tout le temps mais c’est parce que j’y crois et il est dans ta face et tu cales ta bière sans rien faire d’autre! » « Sacrament tu me décourages. » Plus elles en rajoutent, plus j’ai le goût de disparaître. Pis arrêtez de crier il va vous entendre! C’est tellement trop que je peux pas, vous comprenez pas?

La première fois



La première fois, donc, c’était au Quai des Brumes. Au mois de décembre. On va t’appeler Simon pour l’instant ok? Juste parce que c’est moins long que Monsieur Quai-des-brumes. J’ai passé toute la soirée à te dévisager, tu as dû me voir, je devais avoir la bave qui coulait. Mais je suis pas allée te parler. Pas capable.

Je suis sûre que tu m’as remarquée. C’est peut-être parce que je suis allée aux toilettes tellement de fois ce soir-là et que tu t’es dit « eille check la fille avec la plus petite vessie sur la terre ». Est-ce que tu t’es dit ça? Peut-être que tu t’es dit « j’ai trouvé l’amour de ma vie ». Mais alors, tu serais venu me parler, non? Remarque. Moi, je suis pas allée.

J’ai pensé me pitcher au bar pour te rentrer dedans « sans t’avoir vu ». Classique et quétaine, je sais. Même si les gars remarquent jamais rien et que quand une fille se catapulte sur le bar juste pour leur dire « ah salut désolée je t’avais pas vu vas-y avant non toi non vraiment c’est moi qui s’excuse ah bon merci d’accord et puis tu fais quoi dans le vie à part couper les autres dans un bar ah non je veux dire te faire couper hihihi comment tu t’appelles? », ils comprennent toujours pas ce qui vient d’arriver. Reste que parfois, ça fonctionne. J’ai déjà rencontré un gars comme ça. En tout cas. Cette fois-ci, j’y ai pensé mais je l’ai pas fait.

Pour être tout à fait honnête faudrait que je vous dise que j’étais pas toute seule, ce soir-là. J’étais avec Phil. Phil, c’était mon chum. J’aurais pu aller expliquer à Simon que c’était en train de chier, qu’on cherchait une façon de se laisser. Mais je savais pas par où commencer. Tout lui garocher ça d’un coup ça aurait été un peu intense. « Salut moi c’est Sophie je te trouve vraiment cute. Tu me jettes par terre en fait comme ça fait longtemps que c’est pas arrivé. Je sais on se connaît pas et je suis pas toute seule mais bientôt, oui. Non pas ce soir. Ce soir je peux pas. Quatre ans c’est long. Tu comprends? Il faut se laisser comme du monde. J’ai pas toujours les priorités aux bonnes places mais des fois oui et même si j’aimerais salement mieux sauter dans la pluie avec toi toute la nuit je vais partir en espérant que le hasard te mettra sur mon chemin. »

J’aurais pu te dire ça. Je suis plutôt partie sans savoir ton nom. À cause de l’autre, beaucoup, mais peut-être aussi parce que j’avais pas encore vraiment réalisé que je voulais te revoir. Je l’écris là comme si c’était arrivé d’un coup, mais en fait ça prend du temps à mon cerveau pour réaliser les grandes vérités toutes simples de la vie.

Je me suis quand même dit : la prochaine fois qu’on se voit, si tu me donnes autant de papillons dans le ventre :
1) Je commence un blogue sur cette histoire absurde.
2) J’irai te parler.