Paraît que les nuits sont trop longues, l’hiver



J’ai revu Marc à une fête. Finalement on est partis ensemble. Je sais pas pourquoi, c’était juste comme ça. Des fois c’est juste comme ça.

Il est s’est levé au milieu de la nuit est-ce que ça va t’insulter si je pars maintenant?

Oui, oui ça va m’insulter. Il y a pas moyen que ça m’insulte pas. Je suis pas un torchon crisse.

Mais un jour je vais pouvoir plogger dans une conversation avec des amies moi j’en cherche un qui fait ses nuits. Ça nous fera mourir de rire.


Bonne humeur contagieuse



Il est arrivé en retard tout magané je suis allée l’écœurer.
  • Ouais ça fêté fort hier?
  • Ça va hen, sans commentaire.
  • Tant que ça?
  • Toi quand t’arrives scrap est-ce que je t’écœure? T’arrive tout le temps scrap et je t’écœure pas.
  • Tout le temps t’exagère un peu. Mais ok ok c’est bon j’ai compris le message bonne journée faut pas te parler aujourd’hui.

Plus tard il est venu s’excuser.
  • Regarde c’est correct Michael c’est ta vie. Ça va pas top shape tous les jours. Il y a pas de problèmes.
  • Est-ce qu’on va manger ensemble?
  • Tu le sais que t’es bizarre depuis qu’on est revenus de Noël?
  • Ouais, je sais.

On est allés manger pareil. 

Je le size pas, ce garçon.


L’importance du savoir



Il m’a pas vraiment écrit grand chose depuis. Il me forwarde des liens de clips, des tounes. On parle de livres un peu. 

Savais-tu que la pêche a été le premier fruit mangé sur la Lune? Non, mais je savais qu’un jour, un homme a mangé un avion découpé en petits morceaux.

On apprend des choses fascinantes, avec les pen pals modernes.


[PIPA et SOPA]



Parce que c'est important d'en parler, que la censure est à la porte d'à côté, et que ça ne vise pas rien que le piratage informatique ni les droits d'auteurs des créateurs, je fais un crochet (encore) au thème général de ce blogue.

Je vous invite à aller lire l'excellent billet de Patrick Dion et à regarder le vidéo de Khan Academy, à la fin de son post, qui explique très bien les enjeux de ce projet de loi.

Merci à Douce Rousse de m'avoir décerné un prix sur son blogue.



En tant que récipiendaire, voici ce que je dois maintenant faire :
  • Recopier le logo sur mon blog
  • Citer la personne qui m'a décerné l'Award
  • Choisir 5 blogues que j'apprécie, que j'aimerais faire connaître et qui ont moins de 200 membres
  • Prévenir les 5 personnes nommées

Alors je choisis cinq blogues parce que c'est toujours le fun se faire dire je t'aime:

Les Prétentieuses parce qu'elles me font rire avec leurs garçons.

Crayon d'ardoise et pattes de mouches parce que c'est un beau titre et vraiment beaucoup plus que ça.

Fuck la vraie vie parce que même s'ils écrivent plus beaucoup je les aime encore pareil.

L'activité cérébrale incontinente parce que parce que. Elle est drôle elle aussi.

Profession: Dateur en série. Lui non plus il écrit plus beaucoup, mais vous pouvez vous taper des heures d'archives et rire longtemps.

De l’art subtil de la guenille



Je suis allée magasiner dans une boutique branchée de designer, pour un cadeau. C’est pas ça l’histoire.

C’est une toute petite place. Un vendeur. 

Je cherche pour mon amie. J’essaye une robe pour moi en même temps. Le vendeur wow! Super elle te fait tellement bien. Ça avait l’air sincère. Pas du wow de vendeur pour te vendre quelque chose.

Moi c’est Sébastien. Sophie, salut. 

On a jasé un peu. Je fais pas ça d’habitude avec les vendeurs. Il trippait sur Joe Sacco. On parle de BD. T’as pensé quoi du dernier Paul? Pas eu le temps de le lire encore. Moi non plus. 

Est-ce qu’il y avait un truc, entre moi et lui? Il avait l’air du genre de gars qui m’attire. Je serais peut-être restée mais il fallait que je parte.

Tu sais pour la robe, je suis pas certaine, je vais y penser, mais merci. En tout cas, t’étais vraiment belle dedans.

J’avais fait trois ou quatre pas dans la rue. Il est sorti. Hey attend! Me donne sa carte, appelle-moi s’il y a quelque chose. Me donne deux becs. Bien content de t’avoir rencontré Sophie.

Je vais à mon rendez-vous. Je sors, les boutiques étaient pas encore fermées. J’ai sa carte dans ma sacoche. Je pense à lui. Ah pis de la marde j’y retourne.

Salut Sébastien, je fais jamais ça mais je trouve qu’on a connecté tantôt drôle à dire je sais je te trouve beau je sais pas est-ce que t’aimerais ça me revoir?

Il rougit confus cherche ses mots oui enfin c’est parce que… c’est que… ma blonde, c’est la designer ici… Ah scuse, j’ai dû mal interpréter malaise je voulais pas hum ouais enfin c’est ça.

Mais oui, sinon, ça m’aurait tenté.

C’est vraiment le fun à savoir. Merci d’avoir spécifié.


Morning glory



Ça fait longtemps que je vous ai pas parlé du voisin mystère. Je prends l’autobus maintenant. J’avais pas encore réussi à m’asseoir à côté pour frotter mon coat sur le sien ça te donne-tu des frissons toi ‘si?

Mais aujourd’hui, oui.

Il embarque avant moi, s’assoit sur un banc double. Il restait de la place ailleurs mais pas tant que ça. L’autobus était pas vide au point que c’est akward me coller sur toi; il faudrait qu’on s’explique, que je te dise que je te trouve beau.

Il avait amené le journal j’ai lu par-dessus son épaule. Je fais toujours ça. Même à ceux que je connais pas que je trouve pas cutes non plus. Je lis toujours par-dessus l’épaule des inconnus dans l’autobus et dans le métro, c’est comme ça.

Il a fini par me regarder en veux-tu un bout? Non, je préfère lire par-dessus toi. Ça te dérange pas? Ben heu. Moi c’est Sophie on habite pas loin. Ok. Ben salut Sophie. Ça me dérange un peu quand même que tu lises par dessus moi. Prends-en une section.


Une fois n’est pas coutume



« À Chloé, une grande ville, les gens qui passent dans les rues ne se connaissent pas. En se voyant ils imaginent mille choses les uns sur les autres, les rencontres qui pourraient se produire entre eux, les conversations, les surprises, les caresses, les coups de dents. Mais personne ne salue personne, les regards se croisent un instant et aussitôt se fuient, cherchent d’autres regards, ne s’arrêtent pas.

[…]

Si hommes et femmes se mettaient à vivre leurs songes fugitifs, chaque fantasme deviendrait une personne avec qui commencer une histoire de poursuites, simulations, malentendus, heurts, oppressions : et cesserait de tourner le manège des fantaisies. »

(Italo Calvino, Les villes invisibles)

Tout nouveau tout beau



Je suis retournée travailler. Michael il était bizarre. Passait devant mon bureau pour n’importe quoi veux-tu un café? Je viens d’en prendre un. Il doit être froid viens en prendre un autre

Il me parlait pas, avant.

Pour moi il s’est fait assommer par le Père Noël et on va le voir, la semaine prochaine, tenir les portes d’ascenseurs pour les handicapés et aider les chars à sortir des bancs de neige si jamais il y en a.

Dans ses résolutions du Nouvel An il a écrit : sourire au moins une fois par jour; amener du café à Sophie.



You’ve got mail



J’ai reçu une lettre pas de timbre dessus. Pas signée avec du sang.

C’était une cyberlettre mais elle m’était quand même adressée à moi.

D’un cyberadmirateur. 

Secret je sais pas c’est qui. Secret peut-être que son nom c’est pas vraiment le sien. Peut-être qu’il m’admire pas non plus. Qu’il veut juste jouer à quelque chose. Ou qu’il existe rien qu’un peu.

J’étais contente pareil. C’est le genre de trucs auxquels on croit pas.

Je lui ai dit que j’écrirais sur lui. Avec tout le monde je l’aurais peut-être pas fait mais lui il m’a dit moi j’ai toujours voulu écrire des histoires avec toi dedans.

Toujours c’était peut-être un peu exagéré. Mais bon c’est ça qu’il a écrit.

J’ai décidé que la phrase se renversait. De toute façon je sais pas c’est qui; ça pourrait être quelqu’un d’autre.

Vous trouvez pas ça excitant?

Mais j’aurais préféré une vraie lettre qui passe par la vraie poste.

Quelque chose d’écrit à la main.

Mais je comprends que c’est moins évident.




C’est le temps des rétrospectives, des bilans et des résolutions.

J’en ferai pas. Tout le monde en fait.


La ville qui fond parce que l’hiver est mort




J’aime ça marcher dans les rues vides.

Me réveiller ailleurs, la tête à l’envers, et marcher.

Tout était fermé on aurait dit qu’un ouragan venait de passer. Il faisait printemps en plus. Je sais pas je suis où d’habitude, les premiers de l’an. Probablement trop maganée pour être dehors et réaliser que je suis la seule.

Je suis passée devant la banquise. Seul truc ouvert à des milles à la ronde. J’avais le ventre qui criait scrap. J’ai décidé d’en prendre une take out. T’as l’air un peu folle anyway, te taper une heure de file pour manger une poutine toute seule à dix heures du matin.

Faque je l’ai mangée dans le parc Lafontaine. Il y avait moi, sur un banc mouillé. Et des parents qui regardaient leurs enfants glisser. Il y a ben juste les parents qui ont assez d’énergie pour jouer le lendemain de la veille. La poutine est devenue froide avant que je la finisse; j’en avais eu assez, de toute façon.

Je savais pas où aller fêter. J’ai suivi des amis je me suis retrouvée dans un house party plein d’enfants avec des jeans serrés. Ça parlait anglais. Ça parlait allemand. Ça parlait espagnol. Ça parlait aussi peut-être d’autres langues que je connais pas. Ça frenchait partout. Comme un voyage dans le temps et dans l’espace.

McGill? Que j’ai demandé à la ronde.

Personne a répondu.

J’ai bu.

Quand ils ont commencé à crier 5-4-3-2-1 le gars à côté de moi m’a attrapée pour m’embrasser. Tiens, on échange de la salive. J’avais pas encore eu le temps de voir c’était qui.

Il a repris son souffle pour popper le champagne; j’avais pas l’air de faire du détournement de mineur. Il était cute. Une barbe de quelques jours. Pourquoi pas. C’est le jour de l’an.

Un gars s’est fait frapper par un autre, je sais pas pourquoi. Ça a créé une mini commotion. Est-ce qu’on appelle l’ambulance? Il saignait pas tant que ça.

Toi tu viens d’où? Heu, d’ici. Toi? De Bulgarie. Ah. Comment tu t’appelles? Tout le monde m’appelle Tod. C’est pas un drôle de nom pour un Bulgare? C’est Todor mon nom. Ok. 

Il m’a pas demandé le mien. Peut-être que je m’en serais inventé un. Olga. En fait je viens de Biélorussie. T’es pas blonde. Non c’est pour ça que je suis partie. 

Il parlait russe. Fuck j’étais bustée. Est-ce qu’ils parlent russe, en Biélorussie?

Il a continué de m’embrasser. 

J’ai du le suivre chez lui.

Il s’est assis sur son lit et il a commencé à gratter sa guitare. J’ai trouvé ça étrange. C’est comme un rituel. Il faut que je joue avant d’aller dormir. T’avais l’intention de dormir? 

Je lui ai sauté dessus, il a oublié la guitare. 

Il avait pas vraiment de lit. Pas vraiment de draps. Pas vraiment de chambre. Juste un matelas par terre. Mais il avait un grand mur de briques. All right j’aime les murs de briques.

Le matin, le pas de lumière entrait par la grande fenêtre sans rideaux. Trop pour continuer à faire semblant de dormir. Je me suis vue dans le miroir. Du masacara jusqu’au menton. Shit. Rien d’autre que du savon en barre qui brûle les yeux. Je trouvais pas ma robe.

Tu sors de là t’as l’impression que tout le monde voit rien que ça. Ta robe avec pas assez de tissus dessus, ton masacara partout dans ta face. Tu marches encore croche.

Mais t’es toute seule dans la rue alors c’est pas grave; personne te voit.

Avant de partir on a baisé encore. On a accroché la guitare un peu. Ça fait striiiiing il a failli paniquer. 

Bonne année, Tod.