El party de bureau



Carole va danser sur la table. Elle va prendre le néon pour une boule disco et elle va finir par tomber à terre. En se relevant elle va faire semblant que personne l’a remarquée. Elle rira fort.

Annie va cruiser Stéphane… encore. Stéphane va se pousser de bonne heure… avec Julie.

Isabelle va essayer de matcher tout le monde. Surtout Krystelle avec Benoît. Non mais regarde-les se faire des beaux yeux pis être trop gênés pour se parler m’a t’arranger ça moé.

Sonia va débarquer avec une robe trop chère, trop décolletée, trop brillante et va s’arranger pour se faire remarquer. Si on est chanceux il y a peut-être une boule qui va sortir, le temps de prendre froid. C’est Steve qui va lui tourner autour. Elle aurait préféré Martin. Elle est mariée et nous rappelle à longueur de journée que le bonheur conjugal, c’est le pied.

Éric va passer la soirée collé entre la machine à café et la photocopieuse. Il ne fera de eye contact avec personne. Pour l’occasion, il se sera mis une cravate.

Demain, Jean-François aura mis toutes les photos les plus louches en ligne sur facebook. Il les aura commentées soigneusement, avec tout le gras qu’il est capable de mettre autour de l’os. Ce soir, ce qu’on verra de lui, ce sont ses boutons, derrière la lentille de sa caméra.

Michael sera trop beau pour se pointer. Il est trop cool et trop toute pour s’abaisser à ce genre de mondanités. Il préfère la Buvette. Il prétextera une excuse bidon, genre ma cousine vient d’accoucher, je dois aller au shower, mais vraiment j’aurais aimé venir. L’an prochain? Promis.

France ne fera qu’une brève apparition. Pour pas gâcher le party, qu’elle dira. Elle ne voudrait pas qu’on se retienne parce qu’elle est là et qu’on boit sur son bras. Elle sera smatte mais personne n’osera vraiment lui dire de rester.

Et moi je ne sais pas. Je serai un peu à l’écart. Avec Mélanie, Vincent et Samuel. On boira trop sûrement. On chialera contre tous ceux-là. En ne se disant pas qu’au fond, on aimerait bien danser sur la table, se faire matcher sans avoir à mettre d’effort, profiter de la débauche annuelle pour flasher, rire de tout le monde ouvertement sur fb, ou avoir le courage d’assumer notre critique et ne pas se pointer, tout simplement.

Vers minuit, quelqu’un commencera à dire – trop fort – à quelqu’un d’autre tu le sais hen que j’t’aime ben, au fond. Même si je te fais la vie dure…

Ça sera le signal de départ.

On finira la soirée quelque part. Les jeunes. Et demain, on aura mal à la tête.

Si on est rentrés accompagnés de quelqu’un du bureau, on mentionnera un genre de plus jamais. On fera une blague sur Stéphane, qui le fait à chaque party. Et le tout finira dans un pouet pouet un tantinet malaisant. Après, on fera semblant que c’est pas arrivé.

C’est comme ça qu’officiellement, le temps des fêtes sera lancé.

Réjouissons-nous.

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