Une fin dont vous êtes le héros



C’est fini. Tout est fini. Ce blogue aussi.

Généralement les blogues finissent parce que :

1. Je suis tannée j’ai fait le tour j’ai l’impression que je n’ai plus rien à dire ici. Que je ferais rien que me répéter. 

2. Je suis en amour je baise tout le temps maintenant. Baiser c’est plus le fun qu’écrire un blogue alors c’est ça que je fais. Quand ma vie va recommencer à aller mal je vais revenir écrire des niaiseries ici.

3. En fait je suis une auteure tout ça c’était pas vrai je publie mon premier livre « ici », il va s’appeler « de même », c’est pas pour faire de l’autopromotion mais en fait mon vrai nom c’est « ça » j’ai enfin résolu mon gros complexe d’imposteure et maintenant que je publie je n’ai plus besoin d’écrire un blogue.

D’habitude les blogues meurent pour une de ces trois raisons. Peut-être les trois. Ou peut-être qu’il y a des bloggeurs originaux qui meurent pour d’autres raisons. Et il y en a qui continuent malgré 1, 2 et 3. Allez savoir. Moi ça fait longtemps que j’ai abandonné l’idée de comprendre quelque chose au monde.

Je vous laisse le soin d’imaginer votre fin. Parce que c’est plus le fun quand on est le héros.

Merci de m’avoir lue.

Sophie.


Fuck you Simon le blogue



J’ai changé le titre du blogue. Pis je pense me partir une ligne de produits dérivés. Fuck you avec une barre en-dessous. Fill in the blanks. Déteste qui tu veux. Tu vas voir ça fait presque du bien.

Rosebud



Je voulais aller faire une promenade en bateau-mouche. Plus quétaine que ça, tu meurs. Je feelais amoureuse je voulais que ça paraisse. Moi quand je me lance, c’est pas rien qu’un peu.

Je lui ai dit viens, j’ai une surprise pour toi. Cet après-midi, 15h, à côté de l’autobus jaune. Sois prêt pour la ride de ta vie.

Il y a eu un silence au bout du fil. Pas de fil. On n’a plus de fil. C’est fini les fils. 

Sophie je peux pas. Je peux juste pas c’est comme ça. Je veux dire nous deux. Je peux pas. C’est pas toi. C’est moi. J’aurais pas dû retontir dans ta vie comme ça. C’était pas correct. Je suis pas amoureux de toi. J’ai pensé un temps que oui. Mais non. Je veux pas de blonde. Je comprends si tu me détestes. Barre-moi de ta vie ok?

Je suis tombée par terre. Littéralement.

J’ai fixé le mur pendant un crisse de boutte. J’ai pas pleuré.

Dans le fond de moi je me suis dit : it makes sense. Pourquoi je me suis dit ça en anglais? Est-ce que ça fait tellement mauvais téléroman tout ça que ça m’est venu en anglais? Je sais pas. Je sais plus rien.

Il me restait des ingrédients pour les cupcakes. Mécaniquement j’en ai fait une batch pis j’ai mis du glaçage rose sur le dessus. Avec la douille pis la forme parfaite pis toute. Il y avait tellement de travail dans ces petites bêtes-là on aurait pu pleurer rien qu’à les regarder. Ils étaient fucking parfaits ces cupcakes-là. Mais moi je pleurais pas.

Je suis débarquée chez lui. J’ai pas sonné. J’ai même pas essayé de rentrer.

J’ai pris les cupcakes pis un par un je les ai lancés sur son balcon. Sur sa porte d’entrée. Dans ses fenêtres de salon.

Un cupcake comme une bombe qui n’explosera pas ailleurs. Des munitions en gâteau. Ça s’écrasait sur le mur dans des grands splouches. Il restait comme une petite cible rose. Le reste crissait le camp par terre.

Une grosse montagne de brun sur son balcon.

Quel gaspillage. Et pis c’était même pas assez sale. Mais il y avait plus de cucpcakes. Tous rendus sur son balcon et dans ses fenêtres. Je voulais encore tuer l’univers au complet.

Mais lancer des trucs aura jamais rien réglé dans la vie de personne. Ça défoule même pas assez.

Fuck-you Simon. Fuck you.

Avec rancune. Vraiment.

Tourner en rond



On voulait faire un pique-nique, il pleuvait. On atterrit chez Karine. Son mini-bar est toujours plein. On s’est fait des mojitos juste parce que ça goûte l’été et qu’en appelant l’été il va bien finir par arriver.

Le souper était bon. Pas tard elle décide qu’elle va se coucher. Un truc genre à six heures le lendemain matin j’appelle Simon. Il travaille encore, viens me rejoindre, qu’il dit.

Ça m’a fait penser à la première fois que j’étais débarquée dans ce club-là pour aller le voir. Et à tout le temps qui a passé depuis. Il a pris un break de ses vinyles pour venir me frencher. Je me suis assise au bar. J’ai jasé avec le barman. Je me sentais jet set.

Après le close on est rentrés chez lui. On a décidé que ça valait plus vraiment la peine de dormir. Avec lui, j’ai jamais le goût de dormir. 



Il m’appelle pour me dire qu’il a trouvé mon bas.

Ben non c’est pas pour ça qu’il m’a appelée. Mais il me dit à moment donné en passant ben oui j’ai retrouvé ton bas. Il était où? Je sais plus. Derrière un sofa je pense.

Ce soir-là ou l’autre d’après je suis chez lui ça me revient en tête eille t’aurais pas mon bas? C’est pas que j’y tiens tant que ça mais bon tant qu’à y penser et à être là.

Ah oui certain. Tiens.

Sauf que c’était pas mon bas. Il était même pas de la même couleur. Mais c’était clairement un bas de fille.

Sur le coup j’ai pas trop réagi. J’ai pas pensé à réagir.

Un bas. Un autre. Au fond, tant qu’il me fait, c’est pas trop grave.

Puis plus tard, mais d’où il sort ce bas? C’était à qui avant? Et surtout, ça fait combien de temps qu’il traîne chez Simon? Pis il est où mon bas? Il est rendu au pied de qui?

J’ai décidé de pas lui en parler.

Dans ma tête sont apparues plein de fissures dans ma grosse bulle sale.

La veille il avait pas répondu à son cell. Pourquoi?
Et puis l’autre jour il textait quelqu’un d’autre il avait l’air trop heureux.
Pourquoi tout d’un coup out of nowhere il est revenu dans ma vie?

On n’a jamais parlé de rien. Il y a comme des tabous gros comme des montagnes. Des portes que j’ai peur d’ouvrir. Je veux pas que mon château de sable s’effondre.

Je suis allée traîner dans son coin. J’ai tourné autour de son appartement en écoutant de la musique dépressive.

Des fois quand ma vie va trop bien j’ai besoin de rajouter de la marde dedans. Ça me rassure on dirait.

J’ai trouvé un arbre où je pouvais grimper. De là, je voyais dans sa chambre. La lumière était allumée mais il y avait personne.

Une heure a passé peut-être.

Puis il est arrivé.

J’ai retenu mon souffle j’ai sûrement fermé les yeux qu’est-ce que j’allais faire s’il était avec quelqu’une d’autre? J’avais besoin de savoir ce que c’était, cette histoire-là. J’aurais des preuves que l’univers au grand complet conspire contre moi.

Il était seul.

Je commençais à avoir pas mal partout, perchée dans l’arbre.

Je suis rentrée chez moi avec un gros sourire dans la face.

Et je me suis trouvée conne en sacrament.



L’art reprend la rue. Je sais pas ce que vous en pensez mais moi, les casseroles et tout le reste, je trouve ça artistique. C’est comme remettre un sens dans festival là où il n’y en n’avait plus.

Les manifs, c’est aussi un bar open de cruise. Sérieux, t’as une excuse pour être à moitié tout nu (ou complètement tout nu) te promener avec une pancarte sexy et vendeuse au-dessus de la tête (lire: check me out je suis drôle et beau/belle et engagé/e) et parler à n’importe qui sans raison précise. J’ai vu : Manifestant seul cherche 48 filles (pas plus) pour l’accompagner. Ou quelque chose comme ça. 

Tu peux aussi protéger ton nouveau kick des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc en te lançant entre les policiers et il/elle parce quoi toi, tu auras des lunettes de ski et un foulard par-dessus tout le reste (bon ça descend un peu ton niveau de sexyness, mais pour sauver quelqu’un j’imagine que ça vaut la peine – ça montre aussi que tu est prévoyant et téméraire, peut-être que des fois ça compte pour autant que la hawtness) et si jamais tu échoue la sauvegarde ou la fuite, ben tu partageras une ride de bus et un tour de poste de police avec le futur être aimé. T’auras vraiment plus besoin de briser la glace après. Je pense que tu peux aller direct frencher dans un parc et risquer de faire un autre tour de char de police parce que tsé, on doit bien être rendu avec un couvre-feu à la grandeur du Québec. Cossé tu fais dehors? Envoye à maison. Ah, c’est pas encore voté cette loi-là? Scusez du spoilers.

Faque dans le fond, on devrait remercier Charest de faciliter le matchage et le sexe. 

Dans la jungle urbaine



Il y a un mini-boutte de rien assis en face de moi au café. En fait c’est sa mère qui est assise en face de moi. Lui il doit pas avoir plus qu’un mois. Deux? Je suis pas bonne en années-bébé.

Il gazouille et elle a l’air de comprendre quelque chose à tout ça.

En partant elle l’enroule dans un gros tissus on dirait des kangourous.

Pourquoi ces tissus-là sont toujours multicolores? À la Péru-style. Vous savez de quoi je parle.

Est-ce que c’est une autre des grandes règles de l’univers dont j’ai jamais entendu parler et qu’il y a une genre de concertation planétaire? Tout le monde sait ça sauf moi?

Multicolore, ça fittait full mal avec son linge. Et je suis prête à parier que ça fittait mal avec tout le reste de son linge. Mais multicolore it is.

Les nouveaux parents perdent souvent tout sens de l’esthétique.