J’haïs les chiens



Je voulais pas vous dire mais je regardais mon téléphone toutes les vingt secondes depuis l’autre jour juste pour voir si j’avais pas manqué un appel, ou un texto, de Gabriel-aux-yeux-noisette. Peut-être que j’avais oublié mon téléphone en mode réunion et que j’avais pas entendu? Faudrait vérifier une autre fois.

Pareil avec les courriels. Je suis capable de faire refresh quarante fois en ligne. Juste au cas où Gmail se serait trompé. (Je sais Xavier Dolan m’a volé le punch – mais je faisais ça avant le film.)

Ça veut dire qu’il m’intéresse, alors?

Mettons.

Mettons aussi que dès qu’il y a possibilité que quelque chose ait une suite je me mets à attendre. Comme une épaisse.

Des fois même je reste chez nous, au cas où le gars appellerait. Comme si ça servait à quelque chose avec les cellulaires. Mon corps le sait pas, lui, que la technologie a évolué et il se met en mode attente.

Je pense que j’essaye aussi fort surtout pour pas perdre. Pas tant que ça parce que je veux le gars. Et je me déteste de penser ça. Non non non. C’est vrai et profond et il faut bien commencer quelque part. Mais des fois, quand même, on veut pas être le premier à perdre la face. Comme quand tu joues à la kermesse et que t’essayes d’attraper un toutou laid avec une grosse pince qui marche pas. Tu le veux pas vraiment, le toutou. Mais tu veux gagner pareil.

Anyway. Il a rappelé. J’étais contente quand même dans le fond du ventre.

Il s’est pas excusé. Une chance. Le dernier qui s’excusait trop ça avait vraiment mal fini finalement.

C’est là qu’il me dit qu’en fait il est devant chez moi. Ben voyons tu me niaises haha très drôle non je suis là pour vrai.

J’ouvre la porte. Il est là.

Avec un chien.

-       -- Salut?
-      - - Sophie. Viens-tu prendre une marche avec nous?
-       - -T’as un chien? Pis tu le fais marcher jusqu’ici?
-       -- C’est le chien de mon ami qui habite pas loin. Il est parti en vacances pour une semaine. Je m’en occupe. Je venais le chercher et tant qu’à être dans le coin je me suis dit que t’étais peut-être chez toi.
-       -- Heu ok.

Je savais pas si on aurait dû s’embrasser ou pas.

On est retournés chez lui. Tous les trois ensemble. Il m’a demandé si je voulais souper avec lui.

On a laissé le chien là et on est partis à l’épicerie.

Quand on est revenus, il avait tout saccagé.

Le chien avait saccagé toutes ses plantes et il y en avait partout dans l’appartement. De la terre et des traces de pattes de chien partout. Même dans son lit.

Ça m’a turnée off solide. Déjà que j’haïs ça, les chiens. Au moins il est parti à rire. Il me dit : on va-tu au resto?

On a laissé Sultan (ça c’est le chien) au milieu de ses décombres et on est partis manger.

Quand on avait rien à dire on parlait du chien. Ça nous donnait une raison pour se sourire et être découragés ensemble.

Pis finalement on s’est retapé toute la marche de la ville dans l’autre sens et on est allés dormir chez moi.


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